Ogyen Kunzang Chöling

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Ogyen Kunzang Chöling (OKC) est une association sans but lucratif belge fondée en 1972 par Robert Spatz (lama Kunzang Dorje), qui se présente comme un ensemble de centres bouddhistes tibétains. Elle a été mentionnée dans les rapports des Commissions d'enquête parlementaires sur les sectes en France et en Belgique, ainsi que par plusieurs associations anti-sectes et fait l'objet de poursuites judiciaires depuis 1997. Robert Spatz a été condamné a cinq ans de prison avec sursis pour abus physiques et sexuels sur mineurs, emprise et fraude financière.

Origines[modifier | modifier le code]

OKC est fondée en 1972 par le Belge Robert Spatz (lama Kunzang Dorje). Son origine « remonte à la création par Robert Spatz d’un premier centre d’étude de yoga à la fin des années 1960 à Ixelles, organisme qu’il transforma en centre tibétain à son retour de voyage à Darjeeling en 1972. » Il y a rencontré plusieurs fois Kangyour Rinpoché, lama tibétain de l’école Nyingmapa, de qui il reçoit la transmission. Les premières brochures éditées présentent le centre Ogyen Kunzang Chöling de la rue de Livourne à Bruxelles comme « centre d’étude du yoga traditionnel tibétain Nyingmapa »[1].

Structures[modifier | modifier le code]

En Belgique, Ogyen Kunzang Chöling a été constituée en ASBL (association sans but lucratif) en 1972[1].

Enquêtes de commissions parlementaires[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

Le premier rapport de la Commission d’enquêtes parlementaires sur les sectes date de 1995. Il recense 173 « mouvements sectaires ». L’OKC est répertorié parmi les groupes comptant « de 50 à 500 adeptes ». Le rapport relève la difficulté de définir la notion de secte, qui, pour cause de laïcité, est absente du droit français[2],[3],[Note 1]. » ». Depuis 2005, cette liste est considérée comme caduque par le gouvernement[4],[5].

Le second rapport date de 1999. Il renseigne « sur la situation financière, patrimoniale et fiscale des sectes, ainsi que sur leurs activités économiques et leurs relations avec les milieux économiques et financiers »[6]. On y lit : « OKC demande à ses membres du travail communautaire, contre la fourniture gratuite de l’hébergement, la nourriture et l’enseignement de la doctrine (p. 64). Plusieurs mouvements sectaires [dont l’OKC] refusent la scolarisation des enfants et dispensent leur propre éducation (p. 108). ... OKC dont les recettes annuelles sont estimées à 25 MF (4 000 000 €) (p. 163). On relève le versement, par les adeptes, de contributions importantes chez la plupart des sectes disposant d’une « grosse fortune » (...) ce constat est également valable pour OKC (p. 165). Patrimoine immobilier porté à la connaissance de la commission comme appartenant à l’organisation française ou mis à sa disposition : 6 MF (900 000 €) (p.311)[6]. »

Belgique[modifier | modifier le code]

Le , devant la Commission d'enquête parlementaire belge sur les sectes, deux représentants de l'OKC témoignent sur le mode de vie et de financement de la communauté. Le , c'est Spatz qui est appelé à témoigner[7]. Dans son rapport du 28 avril 1997 (2e partie), la Commission conclut que :

  • « OKC demande à ses membres du travail communautaire, et leur fournit gratuitement en échange le logis, le manger et l'enseignement.
  • Les membres de groupements [tels l'OKC] qui vivent en communauté cèdent leur revenu à la communauté, qui vit de ce revenu, mais c'est une condition normale pour pouvoir adhérer à une communauté.
  • Un certain nombre de mouvements [dont l'OKC], essentiellement ceux qui propagent une doctrine orientale, optent, dans le prolongement de leur doctrine, pour des formes d'alimentation alternative telles que le végétarisme, le véganisme et la macrobiotique.
  • On constate également, dans certains groupements [comme l'OKC], une préférence pour une vie communautaire, en soi légitime.
  • Des adeptes de l'OKC vivent au château de Soleils à Castellane dans un climat plutôt spartiate.
  • [Revenus de l'OKC :] dons, cours rémunérés, sociétés commerciales, vente d'une revue, une part des revenus des membres[8]. »

Le même rapport résume et commente le témoignage du journaliste belge Alain Lallemand du quotidien Le Soir sur les conditions de vie au château de Soleils :

  • « M. Lallemand indique que les membres doivent s'y lever à 4 h, prier à 4 h 30 (à 6 h, selon les responsables), déjeuner à 8 h, effectuer ensuite des travaux communautaires interrompus par le dîner et suivis par la prière du soir et le souper à 20 h. M. Lallemand précise encore que les membres y sont soumis à des règles très strictes en ce qui concerne le silence, l'obligation de travailler et la présence. Selon les déclarations faites par des adeptes, un certain nombre de ces règles très strictes (silence, interdiction de se chauffer, interdiction de fumer et de boire) auraient toutefois été assouplies. Pour d'autres membres, la vie en communauté se limite à des célébrations religieuses et au dîner. Les personnes seules disposent d'une chambre et les familles d'un petit appartement privé[8]. »

Dans son étude approfondie des « Bouddhismes en Belgique », Bernard de Backer relève « l'assimilation [par la commission d'enquête] de pans entiers du bouddhisme (zen, theravâda) à une secte », ainsi que le Tao (taoïsme) et le Tai-chi. Il cite ensuite la page 227 de la partie II du rapport : « Les noms qui y sont repris [la liste des 189 groupes recensés] ont été fournis sous leur seule responsabilité soit par des services officiels (gendarmerie, police judiciaire, Sûreté de l'État, Service général du renseignement et de la sécurité, parquets) interrogés en ce sens, soit par des témoins directs ou indirects, entendus sous serment. Cette énumération ne constitue donc ni une prise de position, ni un jugement de valeur de la part de la commission. Ainsi, le fait pour un mouvement d'y figurer, même si c'est à l'initiative d'une instance officielle, ne signifie pas que pour la commission, il soit une secte, et a fortiori qu'il soit dangereux. Comme le tableau le montre, la commission n'a pas pu procéder à une vérification de l'ensemble des informations recueillies ni en contrôler l'exactitude[1]

Financement[modifier | modifier le code]

La fortune du groupe provient du patrimoine immobilier paternel hérité par Robert Spatz, de dons, de ses sociétés commerciales (Vajra, produits naturels en gros ; Torma, construction ; Tanadou, centre médical), de deux restaurants végétariens (La Tsampa et Dolma), de la vente de sa revue, des cours de yoga et des revenus reversés par quelques membres de la communauté[1],[9].

Enquêtes judiciaires et procès[modifier | modifier le code]

Voir Robert Spatz

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bernard De Backer, « Bouddhismes en Belgique », Courrier hebdomadaire du CRISP, nos 1768-1769,‎ , p. 45-48 (DOI 10.3917/cris.1768.0005).
  • (fr + nl) Antoine Duquesne et Luc Willems, Enquête parlementaire visant à élaborer une politique en vue de lutter contre les pratiques illégales des sectes et le danger qu'elles représentent pour la société et pour les personnes, particulièrement les mineurs d'âge : rapport fait au nom de la commission d'enquête, Bruxelles, Chambre des représentants de Belgique, 1997 :
    • Partie I (auditions), 364 p., pdf : [1], p. 199-217.
    • Partie II (conclusions), 306 p., pdf : [2].
  • Élodie Emery et Wandrille Lanos, Bouddhisme, la loi du silence, Paris, J.-C. Lattès, , 216 p. (ISBN 978-2-7096-6994-8).
  • (en) Susan J. Palmer, « Government Raids and Child Abuse Allegations in Historical and Cross-Cultural Perspective », dans Stuart A. Wright et James T. Richardson, Saints under Siege : The Texas State Raid on the Fundamentalist Latter Day Saints, New York, New York University Press, (lire en ligne), p. 65-71.
  • Ogyen Kunzang Chöling (OKC): authentique centre bouddhiste tibétain ou véritable groupe sectaire? par Philippe Allard

Filmographie[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Philippe Vuilque, ancien député, ancien président du groupe d'études de l'Assemblée nationale sur les sectes : « Les Belges (...) définissent ainsi la secte dans la loi du 2 juin 1998 : « Tout groupement à vocation philosophique ou religieuse ou se prétendant tel qui, dans son organisation ou sa pratique, se livre à des activités illégales, dommageables, nuit aux individus ou à la société ou porte atteinte à la dignité humaine ». [Contrairement aux magistrats français,] les magistrats belges ont donc un texte sur lequel ils peuvent se baser »« Dérives thérapeutiques et dérives sectaires : la santé en danger (auditions) », sur Sénat, (consulté le ).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Bernard de Backer, « Bouddhismes en Belgique », Courrier hebdomadaire du Centre de recherche et d'information socio-politiques (CRISP), vol. n° 1768-1769, no 23,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. « Rapport fait au nom de la commission d’enquête sur les sectes », sur Assemblée nationale, (consulté le ).
  3. « Rapport parlementaire français n°2468, liste des sectes » (consulté le ).
  4. Jean-Pierre Raffarin, « Circulaire du 27 mai 2005 relative à la lutte contre les dérives sectaires », sur Légifrance, (consulté le ).
  5. « Le rapport de 1995 jugé caduc : une idée fausse », sur Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Unadfi), (consulté le ).
  6. a et b « Rapport fait au nom de la commission d'enquête sur la situation financière, patrimoniale et fiscale des sectes, ainsi que sur leurs activités économiques et leurs relations avec les milieux économiques et financiers » [PDF], sur Assemblée nationale, (consulté le ).
  7. « OPERATION », sur Le Soir (consulté le )
  8. a et b Antoine Duquesne et Luc Willems, Enquête parlementaire visant à élaborer une politique en vue de lutter contre les pratiques illégales des sectes et le danger qu'elles représentent pour la société et pour les personnes, particulièrement les mineurs d'âge : Rapport fait au nom de la commission d'enquête (Partie II), Bruxelles, Chambre des représentants de Belgique, , 306 p. (lire en ligne), p. 155, 157, 158, 164, 165, 178.
  9. Philippe Allard, « OKC : authentique centre bouddhiste tibétain ou véritable groupe sectaire? » (consulté le ).