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La résurrection : une rédemption qui n’a pas été attribuée qu’à Jésus

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Par RTBF La Première

Le jour de Pâques célèbre la résurrection du Christ, mort sur la croix pour racheter les péchés du monde, et qui revient à la vie après la mort. Cette victoire de la vie sur la mort est au cœur de la foi. Une croyance symbolisant toute la rédemption de l’humanité. Il s’agit là d’un phénomène surnaturel, contraire à la raison. Mais à part Jésus, qui est parvenu à 'ressusciter' ? Les explications de l’historienne Valérie Piette.

'Le Christ ressuscitant Lazare du tombeau', c1810-c1844. Artiste : Henry Corbould

En réalité, l’Ancien et le Nouveau Testament regorgent de ressuscités.

On pense au célèbre Lazare de Béthanie, ami de Jésus, mort puis sorti vivant de sa tombe, après 4 jours, sur l’ordre de Jésus. Les paroles, les mots, jouent ici un rôle déterminant. Pas de potion magique, juste le poids des mots.

Fresque de la résurrection dans l’église Chora Istanbul Turquie, 14e siècle
Fresque de la résurrection dans l’église Chora Istanbul Turquie, 14e siècle © Getty Images

La résurrection est-elle liée au monde chrétien ?

"Pas uniquement", souligne Valérie Piette. La résurrection est essentielle à la croyance chrétienne, mais d’autres religions ou croyances ont leur lot de résurrections. La mythologie grecque nous en a ainsi laissé quelques exemples, avec ces héros descendus en enfer, qui plongèrent dans les tréfonds de la terre jusqu’au monde des morts, pour mieux en revenir.

Cette descente en enfer s’appelle la catabase. C’est une renaissance, une résurrection. Il faudrait donc mourir à soi pour pouvoir renaître. Hercule, Enée, Orphée, ont vécu la catabase.

Orphée est ce musicien descendant dans le monde des morts en chantant, pour rechercher son amour Eurydice. Il pourra l’emmener et remonter chez les vivants, à la condition de ne pas se retourner pour la regarder. Hélas, il le fera et perdra Eurydice.

Morale de l’histoire : ne jamais se retourner, suivre l’étoile, suivre la vie. Une quête en quelque sorte, celle de la vie.

Federico Cervelli : Orphée et Eurydice
Federico Cervelli : Orphée et Eurydice © Domaine Public

Le retour à la vie

Tous ces dieux grecs ne jouent-il pas aussi avec notre destin à nous ? Un peu comme pour Pélops, qui donnera son nom au Péloponnèse. Il fut tué par Tantale, son père, qui servit ensuite le corps de son fils aux dieux, lors d’un banquet. Les dieux s’en rendirent compte et ramenèrent Pélops à la vie. Sauf que la déesse Déméter avait déjà mangé une épaule du pauvre Pélops. Et c’est ainsi que Pélops reçut, de la part des dieux, une épaule en ivoire.

Tout est toujours symbole chez les dieux. Et Pâques ne tombe pas à Pâques par hasard. C’est le printemps. Et déjà le monde païen célébrait chaque année le retour à la vie, la fin de l’hiver, la nature qui, après chaque cycle, reprend ses droits. La sève monte, les bourgeons apparaissent. La nature et les animaux peuvent renaître de leurs cendres.

Comme le phénix, cet oiseau mythique, un oiseau d’Arabie, qui, après s’être consumé dans les flammes, renaît et symbolise la résurrection. Emblème de l’immortalité, emblème d’ailleurs de la ville de San Francisco, détruite par les flammes, et qui, elle aussi, ressuscite, se reconstruit. Sans compter que les plumes du phénix serviront à la fabrication des baguettes de Harry Potter, mais aussi de Voldemort.

Phénix par Friedrich Justin Bertuch, 1806
Phénix par Friedrich Justin Bertuch, 1806 © Domaine public

Des histoires de résurrection

Tous les enfants baignent dans des histoires de résurrection. Déjà, avec notre saint patron Saint-Nicolas, qui va ressusciter les trois enfants morts, coupés en morceaux, rangés dans le saloir d’un boucher.

Plus tard, dans les contes de fées, un baiser va permettre de ressusciter bien des princesses.

La résurrection est ainsi à l’origine de la toute-puissance des contes de fées, mais aussi des œuvres de science-fiction. Revenir à la vie fascine. Et la science s’invite de plus en plus dans ces œuvres pour redonner vie. Comme dans Alien, où Ripley, alias Sigourney Weaver, est clonée à partir d’échantillons de sang collectés avant sa mort.

Ne rêvons-nous pas tous d’immortalité ?

C’est le cas sûrement pour certains. Mais "c’est un marché aussi, l’immortalité", rappelle Valérie Piette.

On nous vend aujourd’hui des hologrammes d’Elvis ou de Whitney Houston. On nous fait revivre des concerts que nous n’avons pas pu vivre.

Même Louis de Funès, dans Hibernatus, film sorti en 1969, se fait cryogéniser, placer dans un bloc de glace, espérant revenir à la vie quelques décennies plus tard. Certains scientifiques pensent pouvoir un jour redonner vie à des créatures mortes il y a des milliers d’années. On essaie déjà de reconstituer de la viande de mammouth…

Et aujourd’hui, une bonne centaine de personnes de par le monde ont désiré se faire cryogéniser, placés dans des congélateurs à attendre là dans la glace de pouvoir ressusciter. On leur a vendu la vie éternelle, bien loin sans doute du message de rédemption célébré à Pâques.

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