#2 Trajet de réintégration après une maladie : le rôle clé du médecin du travail, l’allié de tous !

Le retour au travail après une absence de longue durée, cela se prépare en amont. A vrai dire, le plus vite possible. Ne vous y méprenez pas, je ne dis pas qu’il n’y a pas de temps nécessaire au processus de guérison. Mais il est primordial de rassurer au plus vite la personne absente que sa place est préservée au sein de l’entreprise et de maintenir le contact pour éviter le fade out, « un processus au cours duquel ils disparaissent progressivement du paysage pour ne plus revenir. Les contacts personnels, de préférence avec les supérieurs hiérarchiques, sont les plus efficaces pour favoriser le retour. C'est ce qu'a révélé une étude menée auprès de 200 entreprises par Mensura, Service externe de Prévention et de Protection au Travail »[1].

Maintenir le contact grâce au médecin du travail via la visite de préreprise

Le trajet de réintégration 2.0 place le médecin du travail[2] comme intermédiaire privilégié entre le travailleur et les nombreux autres partenaires de la réintégration (employeur, médecin conseil, coordinateur retour au travail, disability manager, médecins spécialistes...).

En effet, la visite de pré-reprise, si elle n’est pas obligatoire est fortement recommandée. C’est à cette occasion (et je dirais même plus « à ces occasions », mais j’y reviendrai) que le retour pourra se préparer « en mettant davantage l'accent sur l'importance des aménagements de poste de travail et sur l’autre travail ou le travail adapté qui tient compte des capacités et de l'état de santé du travailleur », rappelle le SPF Emploi[3].

Combien de fois n’ai-je pas entendu un(e) de mes coaché(e) me dire avoir rencontré le médecin du travail la veille de son retour ou dans les jours qui suivaient son retour. Or à ce moment-là, le retour est déjà effectif, sans aménagements et avec le risque de « se prendre un mur ». Car mal préparé, le retour peut s’avérer catastrophique : effets secondaires de la maladie non pris en compte (ce qui arrive beaucoup en cas de retour après un cancer), communication désastreuse (un travailleur même pas accueilli) ou encore perte de confiance en soi et baisse de l’estime de soi face aux difficultés rencontrées qui mènent à un état dépressif et autre absence en conséquence.

Or, lors d’une table ronde avec des conseillers en prévention médecins du travail du CESI SEPP | CESI EDPB, j’avais entendu de leur part une frustration identique : « nous voyons les personnes trop tard ! ». Il y avait un désir d’établir une relation de confiance et de pouvoir rencontrer la personnes au moins 2x avant la reprise pour évaluer l’évolution de l’état de santé.

Il semble que le législateur ai entendu cela (et j’en suis ravie), puisque l’employeur doit désormais informer le travailleur en ITT d’au moins 4 semaines des possibilités et des avantages d’une visite de pré-reprise.

Le fait que le médecin du travail a une indépendance et respecte le secret médical rassure le travailleur.

Dr Verdonck - médecin du travail au CESI

Un processus collectif au sein duquel le médecin du travail est le garant de la protection de la santé du collaborateur au travail

Toutes les expériences réussies de retour au travail après une maladie que j’ai pu accompagner avaient ceci en commun : l’implication de plusieurs acteurs qui communiquaient[4] !

Le médecin du travail, dans le cadre de l’évaluation des capacités du travailleur, pourra faire appel à différentes expertises complémentaires, avec l'accord du travailleur. L’objectif est de s’assurer que le travail sera adapté au potentiel du travailleur. N’oublions pas qu’un retour ne doit pas nécessairement équivaloir à la situation avant la maladie. Il peut y avoir des étapes, des aménagements nécessaires. Pour cela, il est important évidemment de connaître le profil de fonction, l’état de santé actuel (et évolution possible) de la personne qui revient et les possibilités de travail adapté dans l’entreprise.

On voit donc les rôles et responsabilités qui se dessinent autour du médecin du travail :

• Le travailleur est, selon moi, l’expert de sa santé, lui seul connaît ses limites, ses challenges, mais aussi ses forces (je ferai certainement une newsletter sur les compétences invisibles développées pendant la maladie, et qui ont toute leur place dans la réflexion du retour). Parfois, un coach peut être utile pour l’aider à effectuer ce bilan car la peur de « faire aveu de faiblesse » est prégnante. Or pouvoir accepter ses limites (temporaires le plus souvent) est pourtant une qualité très appréciable.
• Le manager qui connaît l’équipe, la fonction de la personne et participe à la réflexion sur les aménagements raisonnables possibles ou du jobcrafting.  Ce sera aussi un acteur clé dans l’évaluation régulière de la situation.
• L’Entreprise en tant que système dont le leader se doit d’incarner les valeurs humanistes en laissant une marge de manœuvre au management pour éviter que celui-ci soit pris entre l’enclume et le marteau (ce sera certainement l’objet d’une autre newsletter également, tant il y a matière à dire).
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En conclusion

Le plan de réintégration sera rédigé par l'employeur en concertation avec le travailleur et sur base des recommandations du médecin du travail, et de tout autre personne ayant un rôle à jouer dans la réussite du trajet.

Une bonne politique de disability management veillera à intégrer le médecin du travail dans son élaboration.

En savoir plus sur le rôle du médecin du travail (et les aménagements raisonnables) + "tips" pour préparer l'entretien ? Rdv sur retourautravail.be

Formation "Accompagner le retour au travail pendant et/ou après un cancer

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Résumé : La maladie (cancer, maladie chronique, maladie professionnelle…) nous touche tous. Comment concilier vie professionnelle, vécu personnel et les effets secondaires qui affectent la qualité de vie ? Est-ce qu’opposer "maladie" et "activité professionnelle" est réellement constructif ? Découvrez comment mettre en lumière la résilience de vos collaborateurs et poser les conditions pour faire d’une expérience difficile un tremplin ?

Information et inscription (lien).

[1] Source Mensura : https://www.mensura.be/uploads/media/58a2d3b0da61e/pr-return-calls-08022017-final-fr.pdf

[2] Voir l'arrêté royal du 11 septembre 2022 modifiant le code du bien-être au travail concernant le trajet de réintégration pour les travailleurs en incapacité de travail a été publié au Moniteur belge du 20 septembre 2022.

[3] https://emploi.belgique.be/fr/actualites/trajet-de-reintegration-20-modification-de-la-procedure-du-trajet-de-reintegration-des

[4] Voir mon livre « Retourner au travail après un cancer. La réintégration, un processus collectif », ed. Jouvence 2019