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Les familles des victimes d'exécutions extrajudiciaires se rassemblent à la paroisse Sanctuaire de Jesus, le 15 mars 2019, Quezon City, Grand Manille. Ils organisaient une prière et un rassemblement réclamant justice pour les victimes © Amnesty International

Les familles des victimes d'exécutions extrajudiciaires se rassemblent à la paroisse Sanctuaire de Jesus, le 15 mars 2019, Quezon City, Grand Manille. Ils organisaient une prière et un rassemblement réclamant justice pour les victimes © Amnesty International

Justice internationale et impunité

La « guerre contre la drogue » de Duterte

Impunité. C’est ce qui caractérise la vague de meurtres qui déferle sur les Philippines. Pour assassiner, suspicions et témoignages peu fiables suffisent. Voici les ravages de la « guerre contre la drogue » de Duterte.

Plusieurs milliers de personnes tuées. Aux Philippines, la vague d’homicides déclenchée par la lutte antidrogue meurtrière que mène le président Rodrigo Duterte continue de déferler. Elle détruit des vies et dévaste des communautés. L’ampleur des violations des droits humains atteint le seuil qualificatif de crimes contre l’humanité.

L’économie du meurtre

Depuis trois ans, la "guerre contre la drogue" que mène le président Rodrigo Duterte se résume en fait à une économie du meurtre à grande échelle. Les pauvres en paient le prix.

Le gouvernement philippin a reconnu au moins 6 600 homicides imputables à la police. Des éléments de preuve laissent à penser que plusieurs milliers d’autres personnes ont été tuées par des individus armés non identifiés ayant probablement des liens avec la police.

Le président Rodrigo Duterte a défendu à plusieurs reprises la « guerre contre la drogue ». En effet, les individus impliqués dans le trafic de stupéfiants sont des « criminels » et que leur homicide est « justifiable ».

Au cours de ses investigations, nous avons identifié 20 cas dans lesquels 27 personnes ont été tuées, la plupart dans le cadre d’exécutions extrajudiciaires probables.

Il est dangereux d’être pauvre dans les Philippines du président Rodrigo Duterte. Pour être assassiné, il suffit d’être accusé sans preuve de consommer, d’acheter ou de vendre de la drogue. Partout où nous sommes allés pour enquêter sur les homicides liés au trafic de stupéfiants, les habitants étaient terrifiés. La peur s’est profondément infiltrée dans le tissu social de la société.

Ils l’ont tué comme un animal.

Dans chaque opération de police, la police a cité la même justification, le « flag ». Il s’agit d’une opération antidrogue sous couverture au cours de laquelle des suspects armés ont riposté, « déclenchant » l’usage de la force meurtrière.

Les familles et les témoins ont maintes fois réfuté les récits de la police. Dans certains cas, la victime n’a jamais possédé d’arme ou était trop pauvre pour en acheter une. Dans d’autres, les victimes d’homicides liés au trafic de stupéfiants ont tout d’abord été portées disparues puis, une fois le cadavre découvert, ont soudain été classées comme des morts survenues au cours d’une opération de flagrant délit.

Ils l’ont tué comme un animal.

La famille d’un père de trois enfants assassiné

Des cibles à abattre

Dans la majorité des cas, les victimes figuraient sur des « listes de surveillance des trafiquants » établies par les autorités.

Ces listes servent en réalité de guide à la police pour arrêter ou tuer. Des responsables locaux au niveau du quartier sont soumis à des pressions pour obtenir des résultats en recueillant les noms de « consommateurs », « dealers », « financiers » et « protecteurs » dans leur zone. Or, ces listes sont peu fiables, illégitimes et injustifiables.

Et, il n’y a aucun moyen de voir son nom retiré de la liste – la surveillance et le risque sont donc perpétuels.

Les représentants de l’État dressent des listes et les gèrent sans se soucier de savoir si les personnes qui y figurent consomment ou vendent réellement de la drogue.

L’ouverture d’une enquête

Les autorités philippines n’ont pas mené d’enquête crédible ni poursuivi les responsables présumés des homicides illégaux commis dans le cadre des opérations antidrogue.

Nous accumulons des preuves indiquant que les violations des droits humains commises dans le cadre de la « guerre contre la drogue » aux Philippines constituent des crimes contre l’humanité.

La Cour pénale internationale a ouvert un examen préliminaire sur la campagne antidrogue en février 2018, mais le président Rodrigo Duterte a rapidement annoncé que les Philippines allaient se retirer du Statut de la Cour. Ce retrait est devenu effectif en mars dernier.

Des familles de victimes, des témoins, des avocats, des dignitaires religieux et d’autres ont exprimé à plusieurs reprises leur désespoir face aux obstacles qui les empêchent d’obtenir justice.

Chaque fois que je vois une photo de mon fils, mon cœur est comme transpercéIl veut que je me batte pour lui, que puis-je faire ?

La mère d’une victime de 20 ans.

Les programmes de désintoxication et de prise en charge des consommateurs de stupéfiants demeurent totalement inadaptés. Les autorités doivent renforcer nettement la disponibilité de services médicaux et sociaux afin de réduire les risques et les préjudices liés aux stupéfiants, et mettre fin à leur campagne fondée sur la violence et la peur.

Nous appelons le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à ouvrir immédiatement une enquête indépendante, impartiale et efficace sur les violations des droits humains commises dans le cadre de la « guerre contre la drogue ».

Enfin, le bureau de la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) doit accélérer l’examen de la situation et ouvrir une enquête pénale approfondie et complète.

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