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Hausse des prix de l'énergie: que font nos voisins européens pour réduire l'impact sur le pouvoir d'achat?

Le gouvernement italien a mis au total 4,2 milliards sur la table. Les familles les plus modestes vont bénéficier d'une prise en charge supplémentaire de 150 euros. En Espagne, les taxes sur l'électricité ont été reduites des deux-tiers.

Le Premier ministre doit annoncer ce soir ses nouvelles mesures pour tempérer la hausse des prix de l’énergie. Le gouvernement français n’est pas le seul à mettre de l’argent public sur la table pour réduire l’impact de cette envolée fulgurante sur le pouvoir d’achat des consommateurs. C’est notamment le cas chez deux de nos voisins : l’Italie et l’Espagne.

Le gouvernement de Mario Draghi a ainsi décidé de mettre au total plus de 4,2 milliards d’euros sur la table (1,2 milliard annoncé cet été et un peu plus de 3 milliards qui s’ajouteront cet automne).

Le coup de pouce sera particulièrement important pour les 3 millions de familles les plus modestes qui touchent l’équivalent italien de notre chèque énergie. Baptisée "bonus social", cette aide publique permet de réduire automatiquement le montant des factures d’électricité et de gaz.

150 euros de réduction supplémentaire pour les Italiens les plus pauvres

Aujourd’hui, selon le nombre de personnes qui vivent sous le même toit, la localisation du logement (le climat n’est pas le même dans le sud et le nord du pays) et leur usage du gaz, les bénéficiaires touchent entre 128 et 422 euros.

Le gouvernement a décidé d’y consacrer 450 millions d’euros de plus, soit 150 euros en moyenne par famille concernée. Car leur nombre -trois millions- ne bougera pas. A titre de comparaison, le chèque énergie supplémentaire de 100 euros versé en France en décembre aux six millions de familles qui en bénéficie représente un effort de 600 millions d’euros.

Les autres mesures (réduction de la TVA, baisse d’autres charges imputées sur les factures) bénéficieront à un public bien plus large. Le gouvernement souligne notamment que l’impact de son effort financier sera un peu plus important pour près de six millions de petites entreprises et autour de 29 millions des foyers. Parmi les ménages, sont exclus les très gros consommateurs (propriétaires de grande maison avec climatisation et piscine).

La fiscalité sur l'électricité réduite des deux tiers en Espagne

L’Espagne se démarque, elle, par la méthode. Le gouvernement dirigé par le socialiste Pedro Sanchez a décidé, à titre temporaire, de réduire fortement sa fiscalité sur l’électricité consommée par les ménages. Pedro Sanchez a pris l’engagement que la facture d’électricité des ménages ne dépasserait pas son niveau de 2018, année de son arrivée au pouvoir.

Pour tenir cet engagement, le gouvernement a décidé dès la fin juillet de passer la TVA temporairement de 21% à 10%. Et il vient d’ajouter une nouvelle baisse de l’impôt spécial sur l’électricité, qui passe de 5,11% à 0,5%. Au total, la fiscalité sur l’électricité est donc quasiment réduite des deux-tiers.

Et pour compenser ce manque à gagner, Pedro Sanchez compte récupérer une partie des profits engrangés ces derniers mois par les entreprises du secteur de l’énergie. Le gouvernement table sur 2,6 milliards et demi de recettes supplémentaires grâce à cet impôt exceptionnel.

Luxembourg et Belgique n'ont pas besoin de mesures spéciales

Faire "payer" les entreprises, c’est d’ailleurs un peu ce que fait le Luxembourg. Depuis 1921, dans le Grand Duché, les salaires sont automatiquement revalorisés en fonction de l’inflation, de sorte que le pouvoir d’achat des travailleurs, y compris des frontaliers français, ne peut pas être grignoté par l’envolée des prix de l’énergie.

C’est un peu plus compliqué en Belgique, du fait notamment d’un mode de calcul qui n’intègre pas les produits pétroliers, le tabac et l'alcool, et décale dans le temps une revalorisation, automatique pour les agents de la fonction publique et les allocations sociales et quasiment systématique dans le privé. Mais la logique reste la même. L’inflation ne peut durablement grignoter le pouvoir d’achat.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco