Le point à date sur la qualité de l’air intérieur et la ventilation des logements

Le point à date sur la qualité de l’air intérieur et la ventilation des logements

Cet article fait suite au colloque "Qualité de l’air intérieur et ventilation des logements” tenu le 8 octobre 2020 dans les locaux du CSTB et est issu du supplément de la Lettre ThermPresse du 12 octobre. Pour la recevoir et bénéficier d'un panorama de toute l'actualité de votre secteur chaque semaine, abonnez-vous !

Mauvaise ventilation : quels impacts sur la santé ?

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En introduction, le docteur Christian Recchia, qui intervient en tant qu’expert sur RMC, devait faire un point des connaissances sur les risques sanitaires liés à la mauvaise qualité de l’air intérieur. Ne pouvant être présent, étant réquisitionné à l’hôpital, Jean-Pascal Chirat, Délégué Général du Club de l’Amélioration de l’Habitat, s’est chargé de lire sa contribution.

Un texte pour rappeler déjà l’importance de la respiration pour l’homme - « l’air est notre premier nutriment ; chaque jour, nous consommons 2 kg d’eau, 1.5 kg de nourriture et respirons en moyenne 10 000 litres d’air » - et le fait que la qualité de l’air intérieur devient une préoccupation majeure de santé publique par l’importance et la gravité des pathologies qu’elle peut amener et qui ont fortement augmenté depuis 20 ans.

Il peut s’agir de :

  • Polluants physiques - poussières, poils, particules fines… - pouvant entrainer des bronchites, des allergies, de l’asthme jusqu’à des cancers pour les particules au diamètre inférieur à 0,1 micron.
  • Polluants biologiques - acariens, allergènes, bactéries, pollens, moisissures…- responsables d’allergies souvent peu sévères mais gênantes au quotidien se manifestant par des éternuements, des conjonctivites, des gènes respiratoires ou, beaucoup plus grave des effets infections au niveau pulmonaire et toxiques pour les bactéries.
  • Polluants chimiques - Composés organiques volatils (COV), fumées de tabac, colle, acétone, benzène... - dont les effets sont très variés et le plus souvent mal connus et mal quantifiés, certains comme le formaldéhyde étant associé à des cancers dans le cadre d’une exposition professionnelle et d’autres suspectés de porter atteinte à la reproduction.

Cet ensemble de polluants concerne en premier les personnes âgées et les nourrissons : « Leur système immunitaire est fragile et ils sont particulièrement exposés au risque de développer des bronchiolites qui touchent 460 000 nourrissons chaque année, soit 30% des naissances. »

Puis, des recommandations pour éviter un risque accru du Covid par la propagation aérienne du virus. « Depuis le 5 octobre, selon les centres américains de prévention et de lutte contre les maladies, le coronavirus est également transmissible dans l’air à plus de 2 m par des particules qui peuvent rester suspendues pendant des heures. Il faut donc, d’une manière générale, éviter les espaces confinés ou encore ventiler en grand 3 fois 15 mn /jour les pièces occupées par un malade. Quant à la question des purificateurs d’air, ils doivent posséder un filtre d’efficacité Hepa, ne traiter que des pièces de surface réduite et être aussi près que possible de la zone à protéger. »

Le rôle et les points d’amélioration des VMC

Après cet avis médical plutôt inquiétant, trois interventions pour faire le point sur l’état des connaissances sur le sujet.

Ce que disent les études scientifiques sur la qualité de l’air intérieur

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Pour Corinne Mandin, Responsable de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur du CSTB, les résultats ne sont pas homogènes sur le parc des logements. « L’étude que nous avons menée entre 2003 et 2005 montre que 10% des logements français sont multi pollués. On y retrouve tous les polluants recherchés à des concentrations supérieures à la moyenne du parc. A l’inverse, 40% des logements sont très peu pollués ou mono pollué du fait de leur environnement. » Autre information intéressante, la pollution des logements évolue dans le temps. « Depuis cette première campagne de mesures, on observe en 20 ans, une diminution des concentrations des polluants COV issus des solvants types benzène ou chloré qui ont disparu avec l’évolution des réglementations. À l’inverse, les concentrations des COV liés au parfum des ambiances olfactives sont en augmentation tout comme celles des molécules semi-volatiles qui se déposent sur les surfaces avec une pollution par contact cutané de ces surfaces contaminées et l’ingestion de poussières posées sur ces surfaces par les enfants.

Une campagne de mesures 2021-2022

Le CSTB va démarrer prochainement une nouvelle campagne nationale de mesures sur le même modèle que la campagne 2003-2005 : 600 logements tirés au sort en résidence principale et France métropolitaine et 1 semaine de mesures (bouches de ventilation, sac des aspirateurs…). « L’objectif est de contrôler les mêmes polluants que 2003-2005 mais en y rajoutant une centaine de nouveaux dont une soixantaine de pesticides. Comme les débits et les pressions des systèmes de ventilation sont peu souvent respectés, nous intégrons également des questions spécifiques sur l’entretien de la VMC.

Les logements neufs ou rénovés ne sont pas mieux que les anciens

Constat tout aussi déprimant : les bâtiments neufs à haute performance et ce ayant bénéficié dernièrement de travaux énergétique ne pas plus respectueux de leur ventilation. « Notre dernière étude sur des bâtiments performants en énergie juste livrés ou récemment rénovés observe la même proportion de 60% de débits bouchés ou de pressions pas respectées. C’est anormal et les professionnels et les particuliers doivent vraiment être sensibilisés sur ces sujets. De même, une étude sur des maisons récemment rénovées en Bretagne montre statiquement des concentrations en radon plus élevées qu’avant les travaux ce qui démontre une mauvaise gestion de la ventilation : 64% d’entre elles ayant fait des travaux dans prendre en compte la ventilation et la présence de radon dans le sol. De même, nous avons des développements de moisissures plus élevés par ce mauvais calibrage de la ventilation. » A noter que si faute d’un nombre suffisant d’installations VMC double flux dans la campagne de mesures 2003-2005 (2%), un comparatif simple flux / double flux n’a pas pu être effectué statistiquement, cela sera le cas dans l’étude à venir. « Toutefois les études VMC vs. aucun dispositif de ventilation dans les écoles et les logements démontrent la meilleure qualité de l’air intérieur obtenu avec une VMC. Autre résultat d’une étude CSTB sur 7 maisons très performantes et instrumentées : les ménages même mobilisés et informés ont du mal à réguler leur VMC ou à changer les filtres. Les systèmes sont complexes et les fabricants doivent progresser. »

Pour retrouver la suite de cet article et notamment la synthèse des interventions de Pierre Cruveillé d'Aldes, Vincent Pellet de CEDEO, Catherine Juillard de Velux, Philippe Pelletier du Plan Bâtiment Durable, Nadine Dueso de l'ADEME, ou encore de Mme la Déuptée Marjolaine Meynier-Millefert, ainsi que des échanges avec la salle, abonnez-vous à la Lettre ThermPresse média!


Christian PESSEY

Journaliste spécialisé construction - émission Web-TV-Podcast LA MAISON DE CHRISTIAN - ex-RMC - Président chez Grenelle Productions -Président d'Honneur de l'AJCAM

3y

Merci pour cette belle mise en avant !

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Jules DELSALLE

Responsable Homologation et Essais chez CAVAC Biomateriaux, Biofib Isolation / Expert GS20 CSTB Produits et procédés spéciaux d'isolation.

3y
Benjamin Rougeyroles

Responsable d'activité Observatoire CoachCopro et SI chez Agence Parisienne du Climat

3y

Merci pour cette belle matinée enrichissante ! De belles perspectives pour les prochaines années.

Aymeric Thomas

Cascadeur Énergétique et Environnemental - Moebius Technologies

3y

Le contenu est vraiment excellent et complètement dans l'actualité, bravo à toute l'équipe qui a organisée ce colloque avec les contraintes actuelles 👏👏👏

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