La communauté berbère épinglée par Bart De Wever: «Je ne suis pas raciste»
Ce lundi soir, sur le plateau de la VRT, Bart De Wever s’est livré à une longue démonstration de sa position en matière d’immigration. Morceaux choisis.
Sur la politique de migration.« Nous n’avons pas agi de manière sélective, nous avons régularisé en masse. En ce compris, parfois des criminels. Nous en payons le prix aujourd’hui. C’est la cause de bien des problèmes. Et puis, nous avons trop tardé avant de mettre en place des politiques d’intégration. Résultats : nous avons énormément d’immigration passive, nous sommes, à cet égard, un des plus mauvais élèves d’Europe. Nous avons, dans les faits, créé une forme d’apartheid. »
Accusé, par le directeur du Centre pour l’égalité des chances de faire un lien entre le racisme et la radicalisation, Bart De Wever se défend. « Ce que je veux dire c’est que, quand, pendant des années, les pouvoirs publics ne gèrent pas correctement l’intégration, cela peut provoquer comme réponse, chez les citoyens, du racisme. Cela crée une culture de la méfiance. Cela peut se traduire par une attitude très négative à l’égard de certains migrants, en particulier d’origine marocaine, notamment les Berbères, à Anvers. Ce que je veux dire, c’est que le racisme est le résultat, la conséquence, pas la cause de nos problèmes. Ceux qui pensent qu’en luttant contre le racisme on va tout résoudre se trompent. »
Le racisme ? « Une notion relative »
Sur le racisme, une notion « relative », comme le disait sa coreligionnaire Liesbeth Homans ? « Elle avait raison. C’est une notion relative. Le racisme a toujours existé, existe encore. C’est bien sûr totalement condamnable. Depuis les attentats du 11 septembre, nous avons construit un monde très divisé. La méfiance entre les communautés occidentale et musulmane n’a fait que croître. Cela se traduit concrètement, sur le terrain, dans toutes les grandes villes d’Europe, où il y avait déjà une forme d’apartheid : il y a très peu de contacts, par exemple peu de mariages, entre les deux communautés. Chez nous, il est difficile d’avoir des contacts avec certaines communautés d’origine étrangère, dans certains quartiers. »
Sur la discrimination, sur le marché du travail, dans l’immobilier… « Je ne vais jamais nier que cela existe, et nous devons lutter contre ça. Mais il y a d’autres problèmes en cause. Je n’ai par exemple jamais vu un migrant d’origine asiatique se plaindre de discrimination au travail ; cette communauté n’est pas non plus fort représentée dans les statistiques de criminalité. En revanche, nous avons énormément de difficultés à organiser la mobilité sociale dans la communauté berbère d’Anvers, qui représente 80 % de la communauté marocaine de la ville. C’est une communauté très fermée, qui éprouve une grande méfiance envers l’autorité, au sein de laquelle l’islam est très peu organisé, et qui est très sensible aux thèses salafistes, à la radicalisation. Il faut que tout le monde fasse un effort, notamment pour chercher du travail. Or, certains utilisent l’argument du racisme pour justifier des échecs personnels et espérer que tout soit pardonné. Cela ne va pas ! »
De Wever : « Je ne suis pas raciste »
Le président de la N-VA a encore insisté : « je ne suis pas raciste ». Et rejeté l’idée de tests « aveugles » pour lutter contre la discrimination. Soulignant que les études montrent que les populations les plus discriminées, notamment sur le marché de l’immobilier, sont les personnes émargeant au CPAS ou les familles monoparentales.
Laaouej (PS) : « Une provocation qui stigmatise les Belges d’origine marocaine »
Ses propos ont aussitôt suscité des réactions. A commencer par celle d’Ahmed Laaouej, député socialiste : « Bart De Wever refait une provocation qui stigmatise les Belges d’origine marocaine en ciblant plus particulièrement les Berbères. C’est un discours à nouveau insupportable qui traduit une propension à cultiver les préjugés pour, en réalité, masquer une politique antisociale, cela à la veille d’un contrôle budgétaire. »